
J’avoue. Trois jours avant de regagner la France, de retrouver Paris, j’ai craint. J’ai craint de retourner « chez moi ». Dans ce pays où il fait de moins en moins bon vivre.
C’est le risque du voyage. Tel Usbek et Rica des Lettres persanes qui permettent à Montesquieu de porter sur les moeurs de son temps un regard distancié, ironique et critique, c’est depuis la Laponie, depuis le vaste empire des élans, des rennes et des saumons, une fois le cercle polaire franchi, quand je me retrouvai au fin fond d’une taïga sauvage qui n’attise nulle convoitise, que je mesurai, pour ma part, toute l’étendue du stress, de l’agressivité, de la violence du monde dans lequel je vis, des eaux troubles, agitées, tourmentées dans lesquelles nous nous mouvons, nous débattons, dans une nage parfois à contre-courant à l’instar des fameux poissons arctiques. Et pas juste pour des raisons épidémiques. Ou climatiques.
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