Voilà. Cela fait une dizaine de jours que j’assiste à la messe tous les jours. En toute discrétion, en toute confidentialité. Rassemblement secret comme au temps des Romains, des persécutions chrétiennes. A la limite de devoir présenter un petit poisson tatoué sur le bras, en guise de patte blanche, pour que s’entrouvre la porte.
Femmes de diacre et laïques consacrées : nous ne sommes pas dix personnes à faire face aux hommes, prêtres et diacres, qui officient, de l’autre côté de l’autel, dans une église comprenant cinq cents personnes.
Drôle d’époque … Depuis les temps noachiques, le sanctuaire était arche : lieu de protection et de survie, lieu de bénédiction et de résurrection – Entrez ici vous qui cherchez le Salut !
Aujourd’hui, comme par diablerie, le voici quasiment vide à l’office. Tous à l’extérieur ! Pis, il se fait lieu de tensions, de défiance, de désunion, sinon de malédiction.
Quoi que l’on m’ait inculqué, l’Eucharistie ne semble plus vouloir être l’omega, le sommet de notre vie catholique.
Or, aux injonctions de se tourner vers les autres, d’aller voir les pauvres, je répondrai que c’est justement parce que ma vie de consacrée, de baptisée, me fait oeuvrer au quotidien pieds, mains et cœur liés à une misère aux multiples visages (scolaire, carcéral, social, spirituel), qu’amplifient hiver, pandémie et terrorisme, qu’il me faut viatique, vitamine, carburant, force, Source pour tenir. Et continuer à soutenir.
Ainsi m’a-t-on proposé de participer à la messe : Me voici ! Une permission, une transgression qui m’engage. Tous les jours. Moins pour moi que pour vous, que pour nous, que pour tous. Mon église : un îlot eucharistique afin de continuer, envers et contre tout, par la communion des saints, à faire arche, à faire pont, à faire Corps. Ensemble.
Samedi 21 novembre 2020
En mémoire de la présentation de la Vierge Marie au temple