Je sais : les vacances d’été sont loin derrière nous, mais une actualité printanière narrée dans les précédents Cahiers de septembre m’empêcha de vous présenter, dans ceux de la rentrée, une belle première interreligieuse pour notre paroisse, celle d’une retraite en août dernier dans une ferme de Seine-et-Marne entre croyantes issues des trois religions du Livre afin de vivre un temps unique en toute sororité.
Je laisse l’une d’entre elles le soin de vous en faire le récit.
Un lundi d’août 2025.
4 femmes réunies, ensemble dans le 77 profond, pour 4 jours au-delà des différences religieuses, spirituelles, linguistiques, culturelles et sociales pour partager un moment de convivialité, de partage, de fraternité… que dis-je de sororité pure.
L’une est juive, Marjorie, avec son accent américain appuyé, blonde avec de grands et beaux yeux bleus d’ashkenaze retraitée mais non pas moins très active.
L’autre musulmane, Mounoune, rousse, la benjamine des 4, parisienne de naissance d’origine algérienne, assistante de direction.
Une autre catholique, et même oblate bénédictine à Vanves, écrivaine et auteure de plusieurs ouvrages, enseignante de français dans un collège de Courbevoie, la brune Delphine.
La dernière, Caroline, une vraie sœur religieuse catholique franciscaine, ancienne clarisse, missionnaire de La Croix, celle grâce à qui cette expérience qui était son rêve a pu se réaliser suite à de nombreux efforts et espoirs, non voilée, légendaire pour son humour et sa vivacité d’esprit, auteure de plusieurs articles sur Jérusalem, ville céleste où elle a pu vivre 10 ans durant.
Le thème de cette rencontre, de ce séjour interreligieux 100% féminin était :
Dialogue, Prière et Foi.
Après nous être approvisionnées et avoir pris nos repères au sein du gîte, nous avons établi le planning des jours à venir autour d’un bon repas préparé ensemble et comme une fine équipe où chacune a su trouver sa place.
L’engouement du dialogue était passionné et passionnant tant le désir de découvrir l’autre se ressentait.
Le premier atelier consistait à choisir 3 photos qui nous touchaient plus que les autres pour nous présenter de manière originale. S’en suivirent des interventions et des échanges.
Le deuxième jour nous avons parlé de ce que la prière représente pour chacune d’entre nous au quotidien.
Enfin le troisième jour, comment nous vivons notre foi en Dieu, à travers notre religion, le sens que Celui-ci prend.
– Comment j’ai vécu ce séjour interreligieux 100% féminin ?
J’ai tellement appris sur elles et sur moi même, chacune ayant et vivant sa foi différemment selon l’instant présent de notre cheminement constant.
Cet échange fut tellement riche et m’a tant apporté qu’il nous transmute radicalement, volontairement ou non, consciemment ou non, car notre vision et notre ouverture d’esprit change et s’enrichit d’autant au contact de l’altérité.
Je pense que c’est important d’être ancré pour pouvoir enrichir et contribuer, tout en restant profondément ouverte et accueillante à ce que chaque instant nous offre dans sa simplicité et sa richesse.
Voilà mon Saint Graal : rester dans l’ouverture à l’autre, car au fond l’autre porte en lui le Souffle Divin.
Et qui sommes-nous pour savoir si son cœur n’est pas plus transparent au point de faire jaillir la lumière divine de l’autre sur nous?
J’en ressors pleine de gratitude et d’autant plus comblée que cela ajoute à mon extase intérieure de connaissance et de réalisation profonde que je ne suis qu’un simple canal de lumière infinie tel un vitrail prenant différents aspects de couleur selon la luminosité des rayons au gré de la journée de la vie…
Mon intime conviction est que, à travers chaque rencontre que je fais, chaque parole dite ou entendue, le dessein divin s’accomplit, pour me détacher de mes illusions terrestres et discerner que rien ne m’appartient, mais que je ne dois faire qu’Un avec l’Unique et l’Absolu.
Cette Unité dans l’âme Universelle, dans la fraternité, notre sororité, nos silences, nos mouvements, nos peines et nos joies, cette unité qui fait que, comme un rosaire ou un chapelet, nous relie tous par un seul et même fil, mais que nous nous manifestons par différentes perles au cours de notre vie, du temps et du Cosmos…
Cette unité que nous portons tous en nous-mêmes, celle que Léonard de Vinci recherchait entre l’homme et la nature…
À l’image d’un enfant gambadant dans les jardins d’Éden, je bois à cette source pure et infinie qui se trouve en moi-même et au plus profond de chacun de nous….
Goût de musc cacheté sur les lèvres, esprit élevé comme en ivresse, je nage dans des rouleaux de vagues roses d’Amour qui ne cessent de me parvenir….
C’est exactement cette sensation que j’ai ressentie dans la mosquée de Médine venant droit du Prophète Muhammad (Paix et Salut sur Lui) après mon pèlerinage à la Mecque cet été 2025.
Au final, l’Amour divin que l’on réalise intérieurement après avoir compris cette grâce se rencontre au quotidien, à chaque rencontre avec l’Autre, (quel qu’il soit) qui n’est autre qu’un amour rencontrant une autre facette manifesté de l’Amour…
Mounoune Benyettou, une créature parmi Sa Création.
Propos recueilli par Delphine Dhombres,
proposition pour les Cahiers de saint-François de Sales, septembre 2025
								
2 réponses à Quand été rimait avec sororité