Ce vendredi 13 novembre, dans mon collège des Hauts-de-Seine, cinq ans après la tuerie au Bataclan et en terrasses, à la question : « De quoi rêvez-vous pour demain ?», trois élèves de sixième sur vingt-huit d’affirmer : « De quitter la France.
– Pourquoi ?
– Car j’aime pas la France.
– Pourquoi ?
– Parce qu’elle n’aime pas les musulmans ».
Et une très bonne élève de prendre la parole : « Ma mère se fait tout le temps insulter, on la traite de terroriste parce qu’elle porte le voile. Moi, Madame, demain je porterai le voile. C’est mon choix, c’est ma liberté ! Si je peux pas vivre librement en France, je partirai en Allemagne ! Au moins eux, sont pas racistes ! ». Et tous les élèves d’applaudir.
Et je ne suis que dans le 9.2 … C’est pas gagné … (quoi au juste ? la liberté ? la laïcité ? le respect ? la tolérance ? le vivre-ensemble ? la fraternité ?). Qu’avons-nous manqué ?
Une collègue, plus tard, de commenter : « Consternant et presque démobilisant (mais, bien sûr, je ne renonce pas), mais comment rattraper quarante ans d’une culture de la haine de soi, de reniement de ses propres principes, du plus haut du politique ? Des pots brisés des territoires perdus…, et toujours aux profs de faire le sale boulot.
– Certes, lui répondis-je, on a les pieds et les mains dans la boue. Mais là aussi se trouvent tout le cœur, toute la grandeur, toute la noblesse de notre mission : (re)donner aux élèves le goût, sinon l’amour, de l’Esprit, de l’Histoire, de la Culture française (des Biens de première nécessité !). Aux armes, chère consoeur, formons nos bataillons, marchons, marchons… ».
Paris,
Samedi 14 novembre 2020