Nuits blanches. Bel oxymore.
Laudes me prêtent à sourire ce matin. Ce n’est pas tous les jours que saint Paul fait sourire. « Frères, puisque vous n’êtes pas dans les ténèbres, le jour du Seigneur ne vous surprendra pas comme un voleur (…) » (Première épître aux Thessaloniciens 5, 4-5). Pas dans « les ténèbres » … pour sûr … près de quinze jours que l’obscurité, le noir, la nuit m’ont quittée, ont déserté des journées qui ne formeraient qu’un seul jour, uniforme et monotone, si je n’étais soumise aux rythmiques sociale et biologique.
Réveillée vers deux heures du mat’ (une heure en France) au fort d’une sombre clarté décroissante, au moment où celle-ci tout doucement reprend vigueur, tels ceux qui, dans de lointaines contrées, aspirent à un steak frites, je me prends à rêver de noir, de ténèbres et d’obscurité.
N’en déplaise à l’apôtre : que l’on me rende mes nuits, de vraies nuits, d’encre et de jais ! et non point de lait. Pour qu’à nouveau, à coups d’aurores qui le révèlent, qui le rehaussent, le jour du Seigneur me surprenne et me ravisse, moins comme un voleur que comme un artiste.