Synthèse et morceaux choisis de l’essai de Christiane de Beaurepaire :
Non-lieu, un psychiatre en prison, 2009, Fayard, 358 p.
« Rester sensible aux hommes et à l’humanité, à l’écoute de l’émotion, la leur et la nôtre, c’est un message d’affection à mes enfants et à mes petits-enfants. Pour qu’ils le transmettent à leur tour »
Dans ce livre, Christiane de Beaurepaire, ex-psychiatre à l’hôpital carcéral de Fresnes, nous livre ses réflexions élaborées sur le tard d’une quinzaine d’années d’expérience auprès des détenus. Elle explique comment ce lieu marginal qu’est la prison est un miroir reflétant l’évolution idéologique de notre société, de l’État, de la Justice ; comment notre société a régressé en passant de l’État-Providence à l’État pénal, puis à l’État de sûreté; comment nous sommes venus à criminaliser nos marges, poussés par le populisme pénal ambiant.
La psychiatre dresse un état des lieux de la prison, entre inutilité et nécessité – pour le « bien » de qui ? Pas pour celui que l’on croit. Cela est une certitude. A rebours de nos pensées cloisonnantes, cet état des lieux déborde de l’enceinte pénitentiaire pour questionner la prison au sein de notre société, et le condamné dans son humanité. Le regard porté est moins médical qu’humain, moins impartial qu’indigné. Livre pamphlet. Véritable chef d’accusation. Un triste non-lieu. Pas pour celui que l’on croit. Cela est une certitude.
Pour mieux comprendre ce lieu emblématique du pouvoir qu’est la prison, l’auteur nous invite à passer de l’autre côté du guichet, des grilles, là où le monde n’est plus ; à passer du côté de l’invisible social, du côté des « morts sociaux ».
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