Germaine Mazire, née Petit

Et petite, vous l’étiez…

Toute recroquevillée, toute repliée sur vous-même, dans votre fauteuil, installée, là-bas, tout au fond de la salle commune, vous saviez vous faire oublier.

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Le Blues de l’élève

Allez les profs et arrêtez de discuter Avancez dans le calme je sais que vous en êtes capables. Rangez les portables Asseyez-vous tranquillement, chacun choisit sa place ça y est, mais ce matin n’ouvrez pas vos sacs. Ce matin je veux vous parler d’un truc très important Vous inquiétez pas, j’ai pas eu de mot, pas d’heure de colle, pas de zéro. C’est

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Vos zéroïsmes

Bien plus que les 17,24 ou les 05,29 de moyenne générale,

je me souviendrai de certains de vos nombreux …

zéroïsmes !

Je me souviendrai … de Zino qui, lors de sa présentation personnelle en première séance, avait déclaré qu’il n’aimait pas les salopettes ; qui se scotcha un jour la bouche avec moult rubans adhésifs pour s’empêcher de parler, mais communiquant en écrivant sur sa main : « J’ai plus de place !??? » pour m’alerter du fait qu’il était en bas de page.

Je me souviendrai… des grandes scènes tragicomiques d’Akram, quand, un certain jeudi de septembre, vers 17h, des larmes coulèrent à la suite d’une première mauvaise note (6/10!), à moins que ce ne fut à cause d’une vanne de trop de son professeur : « …dernier de la classe ! » ; de ses cris et sauts de joie à son premier bon résultat ; de ses emportements aussi – envoyant tout valser, vidant son sac au sol ; mais surtout de ses excellentes joutes verbales avec Carl, pleines d’esprit, faisant le cabotin sur un point grammatical. Sans compter ses comparaisons pédagogiques : « Ben M’dame, le récit de Schéhérazade… c’est comme Facebook ! Ca sert à créer du lien ! ».

Je me souviendrai …. de « Mariama déréglée » lors de l’élection des délégués ; de ce premier avril où elle me souriait de toutes ses dents avec deux poissons scotchés l’un sur son front, l’autre sur le menton ; sans compter la fois où, prête à toutes les flatteries, elle alla jusqu’à crier : « Madame je vous aime ! » pour passer au tableau.

Je me souviendrai … de Carl, de ses « Antilopes à moins 50 % » ; du cours où il fut impressionné d’avoir écrit au tableau « cré-pus-cu-laire ». Carl aux multiples facettes : tantôt videur, tantôt véritable gentlemen, tout de rose vêtu, « vous avant nous, m’dame : c’est plus poli ! », tantôt danseur, traversant, en arrière, tel Michael Jackson, toute la salle pour regagner sa place. Ses réponses de star et ses sketchs sans fin : « …Aaaah, la porte s’ouvre ! Quelqu’un entre pour nous assassiner ! » ; d’un jour où il « dutessayer » à conjuguer le « subjonctif ? C’est comme suggérer :-), ch’uis trop intelligent ! »… et fut le seul à faire pleurer… de rire… son professeur. « Manger – finir- sortir : trois groupes. Ben, c’est presque que c’qu’on fait 🙂 ! ».

Je me souviendrai… d’Arthur « battant la campagne », sans arrêt, depuis sa chaise à bascule ; de son explication poétique d’un tableau crissant, bruissant en s’ouvrant… car alourdi de trop de devoirs ; d’un vendredi après-midi où cinq filles se cramponnèrent à lui pour lui faire noter son cours ; des smileys dessinés au tableau « pour que vous soyez de bonne humeur ! », ou écrivant, avec un marqueur indélébile : « Pas de devoir ! », grrrr ! Mais c’est surtout d’un certain coup de soleil pris un jeudi matin d’hiver dont je me souviendrai… 

Je me souviendrai aussi … de Yann – qui a déménagé trop tôt -, du jour où ce premier de la classe s’assit en tailleur sur le sol de l’A205, les bras croisés, faisant un gros caprice, refusant de bouger, parce que Nina ou Caroline occupait sa place au premier rang.

Je me souviendrai …des peurs et des fuites peu héroïques de Pierre, qui, après avoir tant loué Gilgamesh, Achille et Hector, s’épouvanta d’un moustique – que Mme Dhombres dut terrasser, comme du manuel de grammaire exposé une seule fois dans l’année : « Ah ! Non ! Pas lui ! Aaaah ! De grâce ! Otez-moi ce livre que je ne saurais voir ! Hors de ma vue ! » (mains devant les yeux).

Je me souviendrai …d’un cours durant lequel Amandine, le doigt haut levé, étirant son buste, sembla avoir oublié qu’elle avait un cœur rouge collé sur le front 😉

Je me souviendrai … de la Tour de Babel… invisible d’André. Suivez la flèche !

Je me souviendrai … du (mauvais) tour joué par Datis, caché sous un bureau, derrière une chaise, pour rester enfermé dans la salle durant toute une récréation ; nous saluant à notre retour, victorieux et fier comme Artaban, surprenant ainsi la classe ! De la fois aussi où, avec Akram, ils réussirent à fixer dans leur chevelure épaisse et hirsute des soldats de crayons colorés : « Ben quoi Madame … 😉 ?? ».

Je me souviendrai … de Dounia et de son poisson d’avril collé sur la bouche, comme d’une certaine lecture contrôlée, qui ne lui ressembla pas du tout (mais chut, cela reste entre nous ;-)).

Je me souviendrai … de Josmar « le bigleux », tout devant, face au tableau sur lequel était écrit « Cours de langue », me demandant de quel cours il s’agissait ; où encore, nous faisant rire de sa lecture africanisée de « Jouuer âvec leuu feu ».

Je me souviendrai … des cris de joie de Caroline lors de sa première bonne note ; de ses très beaux dossiers : de vrais cadeaux ! Ou encore qu’elle fut la dernière des élèves, vendredi dernier, à noter consciencieusement son cours sur les voix active et passive : « les derniers…sont les premiers… ».

Je me souviendrai… des efforts répétés, volontaires, courageux de Takadi, de sa ténacité lui permettant d’avoir la joie – et de le crier – de terminer l’année avec de bons résultats : bravo !

Je me souviendrai … du sprint de Mathilde, casquette et semelles de vent, au retour d’une certaine sortie théâtrale, comme de ses qualités de meneuse lorsqu’elle entama un certain refrain, dans le métro puis sous la Grande Arche : « On vaa refaire l’aarche de Noéééé ! ».

Je me souviendrai … de la douceur de Nina, de sa discrétion, de son sympathique et généreux soutien lorsqu’il s’agit, un jour, d’aider l’un de ses camarades à noter son cours, malgré les mufleries répétées de ce dernier.

Je me souviendrai… de Maxime, son doigt toujours levé, son sourire en bandoulière, sa gentillesse jamais en grève.

Je me souviendrai… du dynamisme et de la pugnacité de Charlotte, pour obtenir des résultats à la hauteur de ses exigences, comme pour clouer un élève, d’une poigne autoritaire, sur sa chaise jusqu’à ce qu’il ait noté la dernière ligne du cours.

Je me souviendrai … des coups d’éclat d’Imène, hauts en couleur pour l’élection des délégués, où elle sut mener une vraie campagne électorale à coups de banderoles papiers et de craies. De ses coups de gueule aussi, comme de ses coups de joie ; de son nez coloré « par une bise marocaine au tableau ».

Je me souviendrai… de la récitation de Fabien… « Les papillons »… arpentant la salle, mains derrière le dos, le nez en l’air… » De toutes les belles choses qui nous manquent en hiver…« . Oui, nous n’étions plus là – à moins que ce ne fut : « Naître avec le printemps, mourir avec les roses… » ; la surprise qu’il nous fit, lui, si discret, lorsqu’il sortit une version plus conséquente des Mille et une nuits, complètement lue, sous les yeux ahuris, sinon admiratifs, de ses camarades.

Je me souviendrai… de Quentin, surnommé le Chouchou par certains, parce qu’il avait un peu trop longtemps échappé à ma vigilance ; de ses grands coucous depuis la cour lorsque j’étais en train de travailler dans ma salle ; lui, le premier, le plus souvent, des quatre « mousquetaires » à franchir le seuil de ma salle le lundi après-midi à 15h, après le sport, le sourire jusqu’aux « zoreilles ». « Et connaissez-vous Madame le point commun entre un prof sympa et une baleine ? Ils sont tous les deux en voie d’extinction 🙂 ! ».

Je me souviendrai … des histoires comme des bavardages de Dylan, aussi discrets que bruyants ; de la disparition de son Bled, « votre Bible Madame ! », qu’il n’a retrouvé qu’à la veille des derniers devoirs ! Et surtout… d’une certaine périphrase rédigée sur son brouillon concernant son professeur (mais je la garde pour moi)…;). De ses larmes, aussi, pour s’être fait rabrouer par Mme Salvon dans les couloirs « parce qu’on vient vous voir ».

Je me souviendrai de Liliane, le doigt toujours levé, bouillonnante, toujours frustrée d’être toujours si peu interrogée, d’écrire toujours si peu au tableau ; des rares fois aussi où elle commit quelques étourderies, déclenchant de véritables huées dans la classe.

Je me souviendrai … de Romane, surtout en fin d’année, où je l’entendais un peu plus, aux côtés d’Arthur, complétant la grille de Qui va se marier avec qui…

Je me souviendrai… de la première à la dernière rédaction… des aventures de Victor, se rêvant super héros : Victorius, dans sa Victorbabel, dans sa Victorcity, dans sa Victormobile… ; lisant l’Enéide, droit comme un empereur romain : « …rompusssss par la guerre… »; et, je cite : « Whaouuu ! Moi, le seul mot que j’ai appris tant il m’a impressionné, mais que je n’ai toujours pas compris, c’est : a-na-chro-nisme ! ».

Je me souviendrai …. des « Maadaaaame ! Maaadaaaaameeee !!! » de Léa.

Je me souviendrai de ma 6ème D, de nos rires comme de nos larmes, de vos coups de soleil comme de vos coups d’éclat : une classe pleine de vie et d’envies, une classe dotée d’un sacré caractère !

Collège Georges Seurat – Année scolaire 2010-2011

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Ah qu’elles étaient loin les Tours de la Défense !

Ah qu’elles étaient loin les Tours de la Défense, nos prouesses architecturales et technologiques !

J’ai adoré mes journées passées à N’Deugou. Tellement différent, tellement autre.

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De la douleur : entre écoles et écoutes

« Pas d’idée générale sur la douleur. Chaque patient fait la sienne, et le mal varie, comme la voix du chanteur, selon l’acoustique de la salle », A. Daudet, La Doulou

La douleur… réalité qui s’impose à nous, qui empoisonne nos vies. Intime et universelle, sans odeur ni couleur, elle méconnaît le temps et les frontières.

La douleur… la chose du monde la mieux partagée :

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« Tu feras la tournée des villages ! »


Marseille – aéroport Marignane. H -2 avant notre envol, je retrouve Patricia. C’est peu dire qu’elle est chargée comme un sherpa ! Deux charriots pour contenir sa valise, mais surtout trois cartons sept fois plus gros qu’elle, pleins à craquer de couvertures pour le campement de Loumpoul. Elle m’avait d’ailleurs prévenue, me commandant de venir les mains « quasiment » vides pour prendre sur mon enregistrement le risque de surpoids.

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Bienvenue,

Au passant averti ou égaré sur la toile ! Si d’aventure ta curiosité te pousse à t’arrêter là, voire à franchir ce portail d’accueil, je t’invite à laisser derrière toi soucis et agitation, rumeurs et récriminations, caprices et colères, plaintes ou fureurs, a priori et a fortiori. Quitte tes bruits d’adulte laborieux qui t’empêchent de nous entendre. De nous rencontrer. Posons-nous. Faisons silence. Et saisissons au vol d’une épuisette malhabile, ces mots papillonnants d’Enfants, ces mots porteurs d’Ailleurs, ces mots épuisés, sinon éprouvés par les Maux. Mots souvent inconsidérés, inaudibles, futiles, fugitifs. Des mots de vie. Pourtant.

Passant, promène-toi, au risque de perdre ton temps, sinon ta voie, dans ce dédale résonnant des voix écoutées. « Les paroles s’en vont et les écrits restent ». Modestes. Comme autant d’empreintes, de témoignages de mes rencontres, des petites vies qui me façonnent au quotidien. Mon chemin de vies.

De beaux motsments en souvenir, en partage.

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