Quelque part dans le Ciel

Les enfants remontent dans la voiture, épuisés par leurs jeux à bâtons rompus le long du Gave. Une belle après-midi azurée s’achève. Le soleil décline derrière les palmiers du Cour des Pyrénées, lorsque la voix facétieuse du conteur Pierre Gripari envahit l’espace :

« Mais connaissez-vous les différents types de fessées ? Il y en a des chantantes, des dansantes, des gourmandes, des dodues, des rieuses, des… ».

Un mercredi de fin d’hiver. Il est 18 heures 34 sur mon téléphone portable, quand on m’apprend votre décès ; 

et, Chère Madame Médelin, me voici dans les airs, moi aussi, à ma façon, en ce moment, ce vendredi 2 mars ; il est 11 heures, et l’on vous rend hommage.

Nous nous sommes rencontrées il y a très longtemps. Un an ? Deux ? Peu importe : il y a longtemps.

Du temps où vous parliez encore ? Je crois. Mais je n’en suis pas tout à fait sûre. Je ne me souviens plus de nos conversations, de vos mots.

Le plus important, le plus signifiant, chez vous, était ailleurs : tout dans votre sourire, tout dans votre regard, tout dans votre douceur.

Vous vous exprimiez sur le mode impressionniste, par touches tout juste perceptibles ; vous vous contentiez des nuances de ce large spectre d’émotions qui éloigne et relie, sur une même ligne d’horizon, la tristesse et la joie.

Il en a été ainsi de notre dernière rencontre. Il en est ainsi du tableau que je garde de vous : un faisceau pastel tout à la fois triste et joyeux. Je ne sais si je vous ai « entendu » rire, mais je me souviens d’être partie avec votre sourire.

C’était par une belle après-midi froide et azurée. Le soleil déclinait derrière les immeubles de l’est parisien, lorsque les chutes répétées d’une étoile pailletée de rouge vous firent rire. C’était plusieurs jours avant Noël. Quelques guirlandes dénichées de vos effets personnels. Votre lit s’égayait d’or et de vert. Vous aviez alors le regard gourmand, dodu et rieur des enfants.

Bien à vous

(Hommage pour une bénédiction, via un petit frère des Pauvres, vendredi 2 mars 2012)

 

A propos Delphine Dhombres

Née en 1975. Oblate bénédictine, bénévole d'accompagnement Petits Frères des Pauvres à la prison de Fresnes, catéchiste, coordinatrice du Dialogue interreligieux (paroisse Saint-François de Sales, Paris XVII) & professeur de Lettres modernes en banlieue parisienne (92).
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