Quelle étrangeté …, quelle sensation surprenante que de méditer des textes sur l’Eucharistie – clef, phare, sommet de notre vie chrétienne, pour nous les Catholiques – en un temps où nous en sommes privés (pour une durée indéterminée ; jeûne pascal qu’il nous faudra vivre (subir) y compris le jour de Pâques !).
Etrangeté…, qui me met à la place des personnes âgées, malades, que j’ai longtemps accompagnées dans des hôpitaux, en gériatrie aiguë : elles se contentaient de vivre « par procuration » (« les pauvres… », c’est comme cela que je voyais, pensais alors les choses) cette sainte Communion via leur télévision, via Le jour du Seigneur …
Je ne m’étais jamais posé la question de leur ressenti, de comment elle devait vivre le fait de ne pouvoir assister physiquement, communier charnellement, si j’ose dire, à Son sacrifice d’Amour. Je ne m’étais jamais posé la question, moi qui participerais volontiers à deux messes dans la journée plutôt que d’en manquer une seule.
Etrangeté …, en ce temps où je me retrouve, comme elles, à devoir me contenter d’une présence virtuelle, par écran interposé (grâce à la retransmission, quotidienne, de la messe paroissiale sur Youtube – formidable initiative !), moi qui me trouve à ronger mon frein et mon impatience, à envier les prêtres, à avoir faim et soif de Sa présence réelle …
Et en même temps, par là-même, par ce manque-même, quel réveil ! Quelle stimulation du désir ! Quelle prise de conscience aussi, surtout, de notre chance d’Occidentaux à pouvoir communier quasiment tous les jours (sur Paris !), contrairement aux Chrétiens d’Amazonie ou d’ailleurs (ne serait-ce que dans certains coins reculés de province).
Mais surtout, quelle découverte … : celle de la force et du pouvoir de l’Esprit Saint qui oeuvre, nous rassemble, nous réunit, dans sa pleine virtualité, envers et contre tout, via un simple écran, nous permettant ainsi de demeurer en lien, en fraternité, en Eglise, en communion, tout en bénéficiant de la Communion des saints, tout en étant portés, sanctifiés par l’assemblée des prêtres !
Et de nous permettre ainsi de rendre grâce, de concert, où que nous soyons, tout à la fois dispersés et confinés, dans le temple de nos coeurs.
En Communion, donc, plus que jamais
Et « bon » Triduum !