De la joie baptismale

Heureux …

Si le Père vous appelle à aimer comme il vous aime

Dans le feu de son Esprit, Bienheureux êtes-vous !

Heureux sommes-nous d’avoir pu contempler un tel lever de soleil, à l’heure où blanchit la campagne, au sortir des laudes, au sortir d’une très belle église, belle de simplicité et de lumière grâce à la blancheur de sa pierre.

C’était à mi-janvier dernier, à Notre-Dame de l’Ouÿe, près de Dourdan, dans l’Essonne. Notre retraite catéchuménale annuelle, après la Nativité, avant le temps pascal et sa montée – qui ne manquera pas d’être dense, intense, lumineuse, pour Lornha, Zélia, Aurélie, Bénédicte, Sophie, Claire, Safiatou et Eric qui seront baptisés le 31 mars prochain, ainsi que pour Kelly qui fera sa première communion et sa confirmation. Aussi, notre récollection, en retrait des bruits de la ville comme de notre quotidien, constitue-t-elle un temps fort du parcours catéchuménal pour ouvrir encore plus grand nos ouïes et nous mettre à l’écoute … Nous ? Oui, parce que prêtre, diacre, accompagnateurs, néophytes et amis (une trentaine à entourer les catéchumènes !) ne sont pas en reste, heureux que nous sommes de cheminer, d’avancer, de (re)connaître et de (re)découvrir, ensemble, toujours, la beauté de ce don qu’est notre baptême.

Thème de notre session : Jésus nous invite à vivre avec lui.

Mais au fait, tout d’abord, ce Jésus, ce Christ, qui est-il ? Question liminaire qui a son importance tant il est vrai que vivre avec lui, c’est être appelé à devenir comme lui, à être comme lui.

Pour le découvrir, nous sommes partis de la loi nouvelle qu’il nous a donnée en vue de l’accomplissement de chacun d’entre nous, Les Béatitudes, dont chacun des neufs points, comme un miroir, est un reflet de son visage : pauvre de cœur, pleurant, doux, affamé et assoiffé de justice, miséricordieux, artisan de paix, insulté et persécuté pour la justice.

Grâce aux lumières du père Bernard et d’un rapprochement avec l’homélie du pape François pour les derniers Rameaux1, nous avons entrevu, par-delà le paradoxe de la croix, la bonté et la beauté du dessein de Dieu pour chacun d’entre nous qu’il veut libre et heureux comme lui, dans son Royaume. Nous avons ainsi réalisé que le Christ a figure du Bonheur, un bonheur qui est chemin de vie, un chemin qui ne peut se déployer sans faire l’économie ni de Dieu ni de mon prochain, ni même de mes ennemis. Plus : que mon bonheur, moins dans l’avoir, le pouvoir et la gloire, passe par eux tous.

Ensuite, au fil de la lecture de st Marc (1, 14-39) et des explications données par les accompagnateurs, nous avons passé une journée avec Jésus à Capharnaüm, l’écoutant, le regardant faire, être, nous étonnant, tels ses disciples. Nous l’avons découvert tour à tour enseignant, appelant, guérissant, priant : un chemin de vie.

Au pas à pas des remarques du groupe et de témoignages personnels, nous avons réfléchi sur l’efficacité de sa parole qui nous fait grandir, l’urgence de sa mission comme de notre conversion, son combat spirituel contre le mal, les sacrements qui nous guérissent de nos mal/adies ; nous avons tenté de nous rapprocher de ce Jésus-libérateur-source jaillissante et ressuscitante de vie.

Nous nous sommes aussi interrogés sur des manifestations concrètes de notre foi (types et objectifs des sacrements, le jeûne pascal, faut-il s’agenouiller durant l’eucharistie?) comme sur des sujets plus mystérieux relatifs au lieu du Royaume, à l’aujourd’hui de Dieu et ce qu’est l’amour-charité que nous sommes appelés à vivre.

Nous avons partagé et échangé dans le recueillement et la bonne humeur, entre deux chants et deux offices, durant les repas et pauses-café ; nous avons fait l’expérience du silence, de nous mettre en sa présence pour l’adorer.

Enfin, au cours de l’enseignement du diacre Pierre sur Zachée, nous avons compris que, pour pouvoir vivre avec Jésus, il faut d’abord descendre de son arbre, se défaire de ses petites et grandes vanités, qu’il faut moins l’attendre que venir à sa rencontre, qu’il s’agit de répondre à son appel – lui qui nous devance, nous a aimé le premier, nous connaît (avec nos petitesses, nos fragilités, nos blessures de vie camouflées derrière les apparences) depuis toujours. Nous avons entendu qu’il faut le désirer aussi, dans le creux et le cœur d’un manque, d’une pauvreté, d’une faim comme d’une soif qui doivent moins nous frustrer que nous mettre en route, en quête, qui doivent nous ouvrir un chemin, une promesse. Laquelle ? Devenir un homme nouveau, devenir ce pour quoi nous avons été créé. Pour être heureux. Avec lui, en lui et par lui.

Quelle bonté, quelle beauté et quelle joie que cette grâce baptismale ! Et qu’il est bon, ensemble, catéchumènes, néophytes, accompagnateurs, diacre et prêtre, d’en faire l’expérience, de s’en souvenir, de faire mémoire, de s’en réjouir et de s’y rafraîchir !

Toi qui aimes la vie

Ô toi qui veux le bonheur

Réponds en fidèle ouvrier

De sa très douce volonté

Réponds en fidèle ouvrier

De l’Evangile et de sa paix

Un grand merci à chacun des catéchumènes, à leur accompagnant, aux néophytes, aux accompagnateurs, à Sophie (responsable catéchuménat), à Pierre et au Père Bernard pour ce bout de chemin partagé ensemble qui nous a nourri, bousculé, fait grandir

Pour Les Cahiers de la paroisse st François de Sales,

Paris 17

1Discours du Pape François du dimanche 09 Avril 2017

«Tu peux avoir des défauts, être anxieux et parfois irrité, mais n’oublie pas que ta vie est la plus grande société dans le monde et toi seul peux en empêcher le déclin.
Beaucoups de gens t’apprécient, t’admirent et t’aiment.
J’aimerais que tu te rappelles qu’être heureux ce n’est pas avoir un ciel sans tempête, une route sans accident de la circulation, un travail sans fatigue, relations sans désillusions.
Être heureux c’est trouver la force dans le pardon, l’espoir dans les batailles, la sécurité sur la scène de la peur, l’amour dans les désaccords.
Être heureux ce n’est pas seulement apprécier le sourire, mais aussi réfléchir sur la tristesse. Ce n’est pas seulement célébrer la réussite, mais apprendre les leçons des échecs. Ce n’est pas seulement se sentir heureux avec des applaudissements mais être heureux dans l’anonymat.
Être heureux c’est reconnaître que la vie vaut la peine d’être vécue, malgré tous les défis, les malentendus et les périodes de crise.
Être heureux n’est pas une fatalité du destin mais une victoire pour ceux qui sont capables de voyager dans leur
être.
Être heureux c’est de cesser de se sentir victime des problèmes et de devenir un acteur de sa propre histoire. C’est traverser les déserts en dehors de soi, mais être capable de trouver une oasis dans les recoins de notre âme . C’est remercier Dieu chaque matin pour le miracle de la vie.
Être heureux c’est ne pas avoir peur de ses sentiments. C’est savoir parler de soi. C’est avoir le courage d’entendre un «non» .C’est se sentir confiant de recevoir une critique, bien qu’injuste. C’est embrasser les enfants, choyer les parents, vivre des moments poétiques avec des amis, même s’ils nous
blessent.
Être heureux c’est laisser vivre la créature qui vit en chacun de nous, libre, joyeuse et simple . C’est avoir la maturité nécessaire pour dire: “je me suis trompé”. C’est avoir le courage de dire: “Pardonne-moi” .C’est avoir la sensibilité pour dire: «J’ai besoin de toi” ,C’est avoir la capacité de dire: “Je t’aime” Que ta vie devienne un jardin d’occasions d’être heureux … Que dans tes printemps tu sois amant de la joie. Que dans tes hivers tu sois ami de la sagesse. Et que quand tu te trompes de route, tu recommence a zéro. Comme ça tu seras
plus passionné pour la vie. Et tu découvriras qu’être heureux ce n’est pas avoir une vie parfaite. Mais user les larmes pour irriguer la tolérance. Utiliser les pertes pour aiguiser la patience. Utiliser les erreurs pour sculpter la sérénité. Utiliser la douleur pour lapider le plaisir. Utiliser les obstacles pour ouvrir les fenêtres de l’intelligence. Ne jamais se rendre. ..Ne jamais renoncer donner à ceux que tu aimes. Ne jamais renoncer au bonheur, car la vie est un spectacle incroyable! “

A propos Delphine Dhombres

Née en 1975. Oblate bénédictine, bénévole d'accompagnement Petits Frères des Pauvres à la prison de Fresnes, catéchiste, coordinatrice du Dialogue interreligieux (paroisse Saint-François de Sales, Paris XVII) & professeur de Lettres modernes en banlieue parisienne (92).
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