25 septembre 2014

Ce matin, en écoutant la radio, je pensais au « Discours de la servitude volontaire » de La Boétie, cet humaniste du XVIème siècle. Le jeune homme y développe l’idée que l’homme est libre par nature et que s’il est esclave, c’est volontairement, de son propre fait. Aussi prône-t-il la désobéissance civile, la non-coopération (au fondement de la résistance « passive », non violente, si chère à Gandhi) : cessez d’obéir, retirez votre soutien et le pouvoir tombera, l’esclavage du peuple ne tenant pas à la force du tyran, mais à sa propre démission.
Alors, bien au-delà de ma tristesse matinale…, je ne peux m’empêcher de faire un parallèle (peut-être simpliste, mal venu, auquel cas je m’en excuse), avec l’assassinat d’Hervé Gourdel.
Aller au-delà de l’émotion, au-delà de la « barbarie », de l’ « atrocité », de la « cruauté », de la « monstruosité » communiquée, relayée, diffusée par les médias, les réseaux sociaux, quant à cette vidéo, ce meurtre en live qui fait le tour du monde : nouvelle arme du terrorisme pour propager et attiser peur et haine.
Alors je crains qu’Hervé ne soit la première « victime » de leur « succès »…
Violence d’une mort instrumentalisée contre laquelle il faut résister… et, pourquoi pas… en lui tournant le dos. Détournez votre regard, et cette barbarie tombera, faute de spectateurs ; soutenez-la, malgré vous, par le simple fait de la regarder, et elle proliférera…
Alors je me prends à penser : si les internautes du monde entier cessaient de regarder comme de partager ces vidéos sur youtube, si l’on cessait d’être esclave de l’image et d’une certaine information, si une certaine indifférence devenait une forme de résistance passive, de non-coopération à l’oeuvre de haine qui sévit en ce monde, alors je me prends à « rêver » que ce serait là une façon, peut-être, de faire tomber ce nouveau régime de terreur qui tente de s’imposer, de nous capter (sinon nous rendre captifs) depuis le fond de nos toiles.

A propos Delphine Dhombres

Née en 1975. Oblate bénédictine, bénévole d'accompagnement Petits Frères des Pauvres à la prison de Fresnes, catéchiste, coordinatrice du Dialogue interreligieux (paroisse Saint-François de Sales, Paris XVII) & professeur de Lettres modernes en banlieue parisienne (92).
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