D’un « autre »

FAITS DIVERS – Une femme et un homme se sont suicidés par pendaison…

Deux détenus de la maison d’arrêt de Fleury-Mérogis (Essonne) se sont suicidés par pendaison à quelques jours d’intervalle, le 28 avril et le 10 mai, a-t-on appris lundi de sources concordantes.

Une femme s’est pendue dans sa cellule de la maison d’arrêt femmes (MAF), «dans la nuit de vendredi à samedi», a affirmé une source judiciaire.

«Accroché» dans un lit médicalisé

Selon une source proche du dossier, elle était âgée d’«une trentaine d’années» et avait d’abord tenté de s’ouvrir les veines.

Un autre détenu s’est lui aussi pendu, le 28 avril, à Fleury-Mérogis. «Il se serait “accroché” dans son lit médicalisé pendant la nuit», a déclaré une source pénitentiaire.

 20 Minutes avec AFP
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« Un autre détenu »…
Lui, il s’appelait Oleg. Oleg Aubrisch.                                                                                    « Non. Non, je n’ai pas d’ origines russes, mais ma mère m’a appelé ainsi car elle adorait le patineur Oleg Protopopov, l’année de ma naissance « .

Cela faisait plus de deux ans que je lui rendais visite, à l’hôpital carcéral de Fresnes. De rapides salutations plutôt, car, le plus souvent, il me congédiait de son doux sourire poli en me disant qu’il y avait bien plus malheureux à visiter dans d’autres cellules … Il aura fallu cet ultime entretien, à la faveur d’un moment panique, d’une dépression face aux lendemains sans avenir, pour nous rencontrer. Vraiment. Et apprendre … Une rixe stupide qui tourne mal pour un problème de tunes : l’autre meurt, lui dans le coma. 45 ans. Hémiplégique. Lui, l’ancien triathlète. Deux ans de détention. Il reprend des études d’art via le CNED. Et toujours pas jugé…. Et le double verdict de tomber, il y a 15 jours, comme une lame de rasoir tranchant dans le vif d’une vie, l’amputant brutalement, de sa fougue, de ses projets, de ses espoirs : « Vous ne marcherez plus ; vous quitterez l’hôpital »… pour la « vraie » prison…
Il y a une semaine, j’ai reçu une lettre posthume, écrite trois jours avant son décès. Nulle plainte, nulle tristesse. Mais un appel d’air : « Si et seulement si vous le voulez, écrivez-moi, parlez-moi… ». Je n’ai pas eu le temps : la mort, des plus violentes, a eu raison de sa vie.
Voilà ce que recouvre ce mince filet…
R.I.P Oleg

A propos Delphine Dhombres

Née en 1975. Oblate bénédictine, bénévole d'accompagnement Petits Frères des Pauvres à la prison de Fresnes, catéchiste, coordinatrice du Dialogue interreligieux (paroisse Saint-François de Sales, Paris XVII) & professeur de Lettres modernes en banlieue parisienne (92).
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