Instants thé

Lever d’argent

L’avion se pose en bord de mer

Dans un petit matin blême


Face au soleil en front de mer

Les roues grincent les ailes luisent

Dans un petit matin gris

 

Sur fond de chaîne anthracite

L’avion irradie le ciel s’illumine

Et les voyageurs faiblissent

 

Kansaï Airport Express

Le gris défile en mode vitesse

Et valsent les sièges d’or du Shinkansen

 

Fléchi sur ses jambes

A peine entend-on

Le murmure de l’amende

 

Chauffe la soupe miso

Qui embaume le Tetsugaku-no-michi

En patience des cerisiers fleuris

 

Pavillon d’or

Des visages radieux au sourire éclos

Sous le feu des photographes au Golden pavillon

 

Repos divin

Douceur des pruniers en fleurs

Apothéose au Pavillon d’or

 

Jets de pierres

Loin devant les parents

Anxiété sur le chemin des philosophes

 

Dans le bus vert légume pour Kunkeduji

Papa est-ce que tu es poétique

Pour immortaliser le concombre flétri ?

 

Trépied et Canon en mains

Les mamies allongent impriment immortalisent du regard

Les pruniers aux blancs pétales


Dans les ruelles enuitées de Gion

Colorées fardées le cheveu en lune

Des Geishas au rire menu

 

Dans les ruelles de Gion

Apparaissent des Geishas

Qui disparaissent

 

Mon Japon dans l’ici et maintenant

Tout comme les fleurs de cerisiers

De l’éphémère contrée

 

Géant de bronze sur son séant

Une main cueillant l’autre apaisant

Le monde

 

Maman il faut grandir

Au milieu de ton front

Le troisième oeil

 

Vingt-deux heures passées, il faut se coucher

Les noirs et les blanches enjouées

Se prennent au go, déjouées

 

Sur le ciel laiteux

Dans leur sillon d’argent

Voguent, pépères, des péniches d’acier

 

Depuis le pont strié d’argent

Se profile, opaline, l’île d’Awajishima

Dans la lumière laiteuse

 

Un cormoran et son poisson argenté

Le ferri et ses passagés enjoués

Par Naoshima enchantés

 

Vol pour Naoshima

Des mouettes à fleurent le bateau

Aux flots gris de lait au soleil couchant

 

Soleil en mer lactée

Son reflet dans les mers argentées

Dans lesquelles plongent des mouettes gris de perle

 

Vagues qui courent sur le sable

Protège les coquillages !

Crie l’enfant

 

Gris d’huître gris d’opale gris de perle

De terre de mer et de ciel

Sur le chemin côtier de Naoshima

 

Ciel sans horizon ciel inexpressif

Douceur perlière

Une courge rouge à pois noirs veille

 

Du masque du printemps

Rien ne se voit de ce visage doublement impénétrable

De son sourire vivifiant

 

Ciel blafard soleil éblouissant

Terre d’acier dôme irradié immeubles bétonnés

Sur la promenade le long d’Ota des sourires légers

 

Le soleil éclaire

Tout ce qu’emporte le couchant

La journée s’achève

 

Sur le futon

Là où ma tête rejoindra celle de maman

Et lui chuchoter des mots d’amour

 

On s’extasie à marée basse

Devant le torii

Les pieds dans la vase

 


Une mariée tout en blanc

Croise un bonze tout de blanc

Au vent d’un sanctuaire vermillon

 

Un petit banc sur la baie

Une feuille d’érable au coeur haricot encore chaud

Dans ma main

 

Tatamis et table basse

Une tasse de thé verte ventrue

Un professeur en yukata

 

Allongés sur les nattes

Ils frétillent des pieds

Devant les sumos du petit écran

 

Du sainfoin d’or

Sur le flanc noir de la caldeira

Des fumeroles poivre et sel s’étirent jusqu’au ciel

 

Soleil couchant

Sur les chaumes d’or

De la caldeira en pleurs

 

Forêts de cyprès

Montagne de soufre

Un lac au lait de menthe

 

Noir vert jaune

De la roche du cyprès et du chaume

Sans oublier la turquoise du cratère

 

Une blanche cheminée de gaz

En miroir au-dessus de l’étang

D’un ciel turquoise

 

Le chaume brûlé au printemps

Met à nu

Le volcan d’hiver

 

Des éoliennes s’éventent

Au loin sur l’arête de la caldeira

Au vent


Dans le musée le sismographe

Frétille sursaute bondit

Sous le coup de nos bonds énergiques

 

A la lumière du printemps

La cime des monts

Doucement s’estompe

 

La vie revient

On photographie les pruniers

Sourire du printemps

 

Ecloses fleurs du prunier

Entre les branches

Un château apparaît

 

Ciel livide

Emprisonnant des monts délavés

Tourmentés par le Pacifique et ses brisants d’acier

 

Entre gris de ciel et gris de mer

Après la pluie

Une lame d’horizon incandescente

 

Roux blancs verts roses

Les monts se parent

De fragiles pétales

 

Sur fond de roux de vert de bronze

La blancheur des cerisiers

Eclosent les monts

 

Un vent breton

Frisonne les palmiers courbés

Sur le pourtour de Naoshima

 

Sous le regard de la grue

Les vagues se brisent

Sur des lamelles de lave

 

Des fumeroles de volcans

Aux fumées des usines

Le Sunflower vrille le Pacifique

 

Quelques clichés d’Iphone

Tout ce qu’il me reste

D’un Japon redevenu immatériel

 

 

 

A propos Delphine Dhombres

Née en 1975. Oblate bénédictine, bénévole d'accompagnement Petits Frères des Pauvres à la prison de Fresnes, catéchiste, coordinatrice du Dialogue interreligieux (paroisse Saint-François de Sales, Paris XVII) & professeur de Lettres modernes en banlieue parisienne (92).
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