« (…) une femme chargée d’explosifs (…) »

… tourne en boucle dans ma tête, depuis mon réveil, comme une mauvaise ritournelle…
“Une femme chargée d’explosifs”… Je pensais avoir touché le fond de la misère, de la détresse, de l’horreur et de la barbarie ce week-end – de grâce, la coupe est pleine !!! Mais non, jusqu’à la lie Une femme chargée d’explosifs
Hier, j’avais mal dans mon humanité ; aujourd’hui, je souffre dans ma féminité. Dans ma mater-nité
Oui, je sais, à l’ère de l’égalité, du genre et de la parité, cela ne vous choque peut-être pas, c’est kif-kif bourricot, mais quand même …
A quelques stations de chez moi, si proche de moi, une femme bourrée d’explosifs
grosse d’un feu funèbre, ravageur, dévastateur
une femme engrossée par la haine, prête à se foutre en l’air… merde … … … …
Comment, comment en est-on encore, encore arrivé là, chez nous, en France ??? Mater dolorosa dénaturée, défigurée, contre-nature, haineuse, mortifère : grossesse monstrueuse pour cette femme en mal d’une humanité avortée, tuée dans l’oeuf. Summum de la stérilité, quand tout projet de vie déserte le coeur, l’âme
Et ton dernier souffle. De ton corps. Explosé.
Ton visage. J’aurais aimé voir ton visage. Et ton regard. Parce que non, je n’y crois pas : j’aurais cherché, coûte que coûte, avec foi, une étincelle, une lueur, un pâle reflet d’aurore dans ton regard d’Eve. Aujourd’hui… aujourd’hui j’aimerais comprendre l’extinction de cette lumière. Et ta nuit. Ton obscurité. Surtout ta nuit. Celle dont tu aurais recouvert les enfants près de toi. Un linceul, à défaut d’une couverture de laine
Une femme… une femme chargée d’explosifs
Nausée
Révolte de mes entrailles, de femme et de mère
Une femme… une femme porteuse d’un projet de mort, prête à enfanter la Mort, à mettre au tombeau, à répandre la ténèbre, alors même que nous fleurissons, illuminons nos places ensanglantées
Dis-moi, entre femmes (même si d’aucuns diront que tu n’es plus une femme, un être humain digne de ce nom, ni même un rien), dis-moi quel rendez-vous avons-nous manqué? Comment comprendre, encore et encore, l’invraisemblable, l’insoutenable ? Le fruit de tes entrailles, ma soeur, cette conception monstrueuse … toi, à quelques lieues de chez moi, toi, si proche et pourtant tellement égarée, perdue, complètement perdue dans ton dessein sanguinaire, sanglant, meurtrier
Dis-moi, dis-moi ce que tu attendais, ce que tu espérais, ce dont tu désespérais
Dis-moi, dis-moi quel est le germe, quelle est la semence de ta haine

Paris,  mercredi 18 novembre 2015

A propos Delphine Dhombres

Née en 1975. Oblate bénédictine, bénévole d'accompagnement Petits Frères des Pauvres à la prison de Fresnes, catéchiste, coordinatrice du Dialogue interreligieux (paroisse Saint-François de Sales, Paris XVII) & professeur de Lettres modernes en banlieue parisienne (92).
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